Améliorer l'accès à la santé grâce aux plantes médicinales au nord de Madagascar
Dans la région Diana, au nord de Madagascar, où l'accès à la médecine conventionnelle reste limité, l'association Jardins du Monde, soutenue par Klorane Botanical Foundation, valorise les plantes médicinales pour améliorer l'état de santé des communautés locales. À travers des jardins communautaires, des formations, et la diffusion de savoirs traditionnels, ce projet s'inscrit dans une démarche durable respectueuse de la biodiversité.
LES PLANTES MÉDICINALES : UNE RÉPONSE AUX DÉFIS DE SANTÉ COMMUNAUTAIRE
Un système de santé inaccessible pour beaucoup
Avec 80 % de sa population vivant en milieu rural, Madagascar fait face à un système de santé sous-équipé et souvent hors de portée des locaux. Le pays compte moins de deux médecins et deux lits d'hôpital pour 10 000 habitants, largement en dessous de la moyenne mondiale. Pour la majorité de la population, les médicaments conventionnels, importés et coûteux, sont inaccessibles. Dans la région Diana, les quelques centres de santé de base (CSB) sont, pour la plupart des habitants, à plus de trente minutes de marche.
Pour pallier cette situation, Jardins du Monde travaille depuis plus de trente ans à mettre en lumière une ressource indigène inestimable : la pharmacopée traditionnelle. Riche d’une biodiversité exceptionnelle et pour l’essentiel endémique, Madagascar a mérité le surnom de “pharmacie naturelle de l’Afrique” du fait de la profusion des plantes médicinales. Une richesse menacée de toutes parts : chaque année, 99 000 hectares de forêt malgache disparaissent.
Des formations pour transmettre les savoirs traditionnels
Le projet de Jardins du Monde se base sur trente ans de connaissance scientifique de la pharmacopée traditionnelle et des modes de diffusion des savoirs. Il prévoit de sensibiliser 2 000 villageois et 500 écoliers de la commune de Sakaramy, et de former 100 volontaires d'ici 2027 à l'usage des plantes médicinales, aux bonnes pratiques en matière de santé, d’alimentation et d’hygiène. À travers des formations pratiques, ludiques et théoriques, ces derniers apprendront à cultiver, récolter, préparer et utiliser les plantes pour traiter des maladies courantes. Un manuel traduit en malgache, édité en
2 000 exemplaires, viendra renforcer cet effort de transmission dès 2025.
DES JARDINS POUR L’AUTONOMIE ET LA BIODIVERSITÉ
Créer des espaces de santé et de vie
Parce qu’il est essentiel de redonner du pouvoir aux habitants en matière de santé, les jardins communautaires et pédagogiques, au cœur du projet, sont conçus pour garantir un accès durable aux plantes médicinales. Trois jardins communautaires seront créés d’ici 2027, accompagnés d’un jardin pédagogique dans une école, où 500 élèves seront sensibilisés aux pratiques environnementales.
Former à l’agroécologie
Au sein des communautés accueillant ces jardins, soixante villageois bénéficieront de formations en agroécologie, incluant des techniques de compostage, de lutte biologique et de conditionnement des plantes. Ces pratiques favorisent une exploitation durable des ressources locales et renforcent l’autonomie des communautés. En zone rurale, elles introduisent de nouveaux réflexes qui pourront, à terme, être étendus à d’autres pratiques agricoles.
FAVORISER LE DIALOGUE ENTRE MÉDECINE TRADITIONNELLE ET CONVENTIONNELLE
Former les acteurs de la santé aux plantes médicinales
Pour garantir une complémentarité entre les médecines, le projet implique également le personnel de santé local et les tradipraticiens. En trois ans, 14 agents de santé du centre de santé seront formés à l’usage des plantes médicinales. En parallèle, 180 étudiants en soins paramédicaux bénéficieront de formations approfondies, et près de 200 tradipraticiens verront leur rôle valorisé et plus largement reconnu.
Appuyer les infrastructures locales
Le projet prévoit enfin d’accompagner la rénovation et la mise à jour du centre de santé de Sakaramy. Ce soutien technique et matériel contribue à un système de santé inclusif et adapté aux besoins locaux.
En valorisant la biodiversité locale et en misant sur la transmission de savoirs et de pratiques durables, ce projet contribue à redonner aux communautés malgaches une véritable autonomie en matière de santé. C’est une démarche qui lie étroitement toutes les médecines pour associer tous les acteurs à la construction d’un futur commun.
Partenaire
Depuis 2003, Jardins du Monde œuvre pour améliorer l’état de santé des populations ayant peu ou pas accès aux médicaments conventionnels. S’appuyant sur une solide expertise scientifique en ethnobotanique et pharmacognosie, l’association collabore avec des groupements villageois, des structures académiques, des médecins, étudiants et praticiens de santé pour bâtir un système durable tout en préservant un patrimoine végétal et culturel unique.
RÉSUMÉ
À Madagascar, l’autonomie des communautés rurales en matière de santé se réinvente grâce à la valorisation des plantes médicinales et des savoirs associés.