Qu’est-ce que la biodiversité?
Sensibiliser, préserver, explorer et transmettre, la biodiversité nous anime, nous inspire, nous oblige. Depuis plus de 25 ans, Klorane Botanical Foundation en a fait son engagement.
La biodiversité c’est ce « tout » qui nous englobe et nous entoure : des animaux et des végétaux sur lesquels nous avons un impact indéniable alors qu’ils conditionnent notre existence. De sa richesse, nous n’avons qu’un aperçu, même si nous ne cessons de repousser les limites de notre compréhension. Mais les menaces qui pèsent sur la biodiversité sont, elles, bien documentées.
Définition de la biodiversité : plus qu’un mot, un engagement
Biodiversité est une contraction, celle des mots diversité et biologique (biological diversity en anglais). Mais la réunion de ces deux termes a donné naissance à un concept bien plus large que leur seule addition. Le mot est né en 1986, à l’occasion d’un congrès tenu à Washington que le scientifique américain Walter G. Rosen propose de nommer National Forum on BioDiversity. Mais cette suggestion est loin d’être neutre et va marquer les esprits pour les décennies à venir.
Le programme sur l’Homme et la Biosphère en 1971
On entend par « diversité biologique », l’inventaire de tout ce qui constitue le vivant dans un espace donné. Du grec βίος « vie », cette expression englobe toutes les formes de vie, des bactéries invisibles, aux mammifères géants, en passant bien sûr par les plantes, les champignons, et sans oublier l’Homme. Si on commence à s’intéresser à la diversité du vivant au XVIIIe, c’est à partir des années 1960 que les choses vont s’accélérer. La prise de conscience d’une crise écologique qui se déroule sous nos yeux commence à se diffuser hors des cercles scientifiques et dans la sphère publique. En 1968, l’UNESCO ouvre la première conférence sur la biosphère, à Paris, puis inaugure en 1971 son programme sur l’Homme et la Biosphère. C’est à cette époque que l’on commence à parler de diversité biologique, pour mettre en avant l’immense richesse des espèces et la complexité de leurs interactions. Mais cette expression n’est pour l’instant qu’un constat, un état des lieux : il existe des espèces vivantes et elles sont multiples.
Le sommet sur la Terre de Rio en 1992
Le tournant des années 1980 voit l’arrivée d’une nouvelle branche scientifique : la biologie de la conservation, qui reprend les thèmes et enjeux soulevés par les mouvements écologiques. La proposition de Walter G. Rosen autour du terme biodiversity s’inscrit dans cette dynamique : il faut désormais non plus considérer la Nature simplement comme un inventaire, mais bien comme un ensemble de phénomènes interdépendants sur lesquels pèsent des menaces et qui doivent être protégés. Biodiversité est donc un engagement à agir. C’est la reconnaissance d’une richesse à préserver et l’incitation à ne pas rester les bras croisés à lister les disparitions d’année en année. Le terme sera officiellement adopté lors du premier sommet sur la Terre qui se tient à Rio en 1992 et qui reconnaît pour la première fois l’importance de la conservation de la biodiversité pour l’ensemble de l’Humanité.
La diversité biologique est indispensable à la vie sur Terre
La biodiversité est un cri de ralliement, une injonction à agir. L’individu y prend toute sa place, non plus seulement en tant qu’observateur, mais en tant qu’acteur. La biodiversité désigne ainsi l’ensemble des êtres vivants sur Terre, leurs interactions dans des écosystèmes complexes, et la nécessité de préserver les conditions nécessaires à la vie sur la planète pour tous ces organismes.
Car oui, les innombrables espèces qui composent le vivant ne se contentent pas d’exister, elles interagissent, sous 5 modes :
- La compétition, où les espèces luttent pour les mêmes ressources : habitat, nourriture…
- Le parasitisme, lorsqu’une espèce tire profit d’une autre en lui étant nocive, voire mortelle
- Le commensalisme, lorsqu’une espèce tire profit d’une autre sans que celle-ci n’en soit affectée
- Le mutualisme, lorsque le bénéfice est réciproque
- La symbiose, lorsque deux espèces ne peuvent pas vivre l’une sans l’autre
Ces interactions forment les écosystèmes, des ensembles cohérents au sein desquels des espèces cohabitent. Ce sont des relations fragiles, bâties durant des millions d’années, à l’évolution permanente et qu’il faut absolument protéger, au risque de perturber de manière irrémédiable des chaînes qui nous dépassent et dont nous dépendons pour survivre. L’exemple de l’abeille ou des insectes pollinisateurs est souvent le plus parlant : l’abeille vit en mutualisme avec les fleurs, elle butine, ce qui la nourrit, et participe, en allant de fleur en fleur, à leur pollinisation, une étape indispensable à leur reproduction. Pas d’abeille, pas de fleur, pas de fleur pas d’insecte, pas d’insecte pas de culture, pas de culture pas de nourriture.
La diversité biologique est indispensable à la vie sur Terre. Chaque être vivant a sa place et sa fonction (oui, même le moustique), et nous dépendons tous des uns des autres pour fonctionner correctement. Préserver la biodiversité c’est donc préserver les conditions de la vie, tout simplement. Le choix de ce terme le rend indissociable des menaces qui pèsent sur le vivant et de notre responsabilité à agir pour sa préservation.
Quelles sont les différentes échelles de la biodiversité ?
On peut découper la biodiversité en trois niveaux ou échelles :
- La diversité des milieux de vie, les écosystèmes : du plus évident, océans, récifs coraliens, prairies, forêts, haute montagne, au plus microscopique comme les cellules de notre corps qui abritent des parasites et bactéries, en passant par les plus inattendus, comme une bande d’herbe sauvage entre deux pavés, ou les plus temporaires, comme une mare qui ne se forme qu’après de fortes pluies
- La diversité des espèces qui occupent et forment ces milieux, qui sont en relation les unes avec les autres et avec leurs écosystèmes
- La diversité génétique des individus d’une même espèce : vous et votre voisin appartenez biologiquement à la même espèce mais n’avez pas le même patrimoine génétique (en principe, mais cela ne nous regarde pas !)
Quelles sont les menaces qui pèsent sur la biodiversité ?
Grâce aux travaux menés depuis une trentaine d’années par les différents organismes chargés de la biodiversité à travers le monde, nous sommes arrivés à un constat aussi certain que glaçant : la biodiversité est en chute libre. Que des êtres vivants apparaissent et disparaissent c’est la loi de l’évolution ? Ne mettons pas tout sur le dos de Darwin.
Si certaines espèces ont disparu ou évolué sur les quelques milliards d’années de présence de la vie sur Terre, jamais la perte de biodiversité n’a été aussi conséquente et rapide que ces deux derniers siècles : de 10 à 1000 fois plus rapide que le rythme naturel, ce qui fait avancer l’idée d’une sixième extinction de masse, capable de mettre à mal de nombreux écosystèmes de manière irrémédiable. Qu’est-ce qui a changé ces deux cents dernières années ? La pression des humains, la première et la seule cause directe de cet effondrement fulgurant de la biodiversité.
L’Office National de la Biodiversité liste cinq facteurs majeurs d’origine humaine qui pèsent sur la biodiversité :
- La conversion de milieux naturels en milieux artificiels est la cause principale de la destruction et du morcellement des écosystèmes. Déboiser pour faire passer une route, construire des barrages sur des cours d’eau, bétonner des zones humides pour en faire des parkings… l’Homme perturbe la libre circulation et le cycle de reproduction de nombreuses espèces.
- Les pollutions de l’air, du sol, de l’eau mais aussi lumineuse et sonore affectent tous les aspects de l’environnement en rendant des habitats… inhabitables ou en perturbant violemment le cycle de vie des espèces au point qu’elles ne peuvent plus subsister et n’ont pas de marge de manœuvre pour évoluer ou changer d’habitat. Par exemple, la circulation anarchique des bateaux de pêche ou les travaux en mer perturbent la fonction sonar des cétacés qui, désorientés, s’échouent sur les plages ou remontent des fleuves d’eau douce et meurent de malnutrition.
- La surexploitation des ressources compromet gravement le fonctionnement des écosystèmes et leur renouvellement. C’est notamment le cas pour la pêche ou l’industrie forestière qui, en l’absence de régulation efficace et de quotas durables, mettent en péril la capacité des stocks de poissons ou des forêts à se régénérer. C’est aussi souvent la conséquence de déforestations massives où les forêts et leur biodiversité sont remplacées par des monocultures intensives comme le soja ou le palmier à huile.
- Le changement climatique, provoqué par la concentration de gaz à effet de serre dans l’atmosphère du fait des activités humaines, modifie en profondeur les cycles de vie de l’ensemble des êtres vivants. Il impacte également la répartition géographique des espèces et donc la chaîne alimentaire. Le dérèglement est global : températures, incendies, tempêtes, sécheresses, désertification, montée des eaux, inondations…nous les voyons par le prisme des dommages causés à nos vies humaines, mais ces évènements impactent tous les écosystèmes et les êtres vivants.
- L’introduction volontaire ou involontaire par l’Homme d’espèces exotiques envahissantes est à l’origine de la disparition de nombreuses espèces dans les écosystèmes qu’elles parasitent. Écrevisse de Louisiane, frelon asiatique, ragondin ou tortue de Floride, mais aussi bon nombre de plantes terrestres ou aquatiques, comme l’herbe de la Pampa ou la Jussie, sont, chaque année, déplacées par les activités humaines hors de leur zone d’origine.
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