La biodiversité méditerranéenne
Côtes rocheuses ou sableuses, massifs montagneux, zones arides ou humides, le bassin méditerranéen est l’une des régions du monde les plus riches en faune et flore. Pas étonnant qu’il se classe donc 3e en termes de hotspots de biodiversité dans le monde.
Mais l’intensification de l’urbanisation, de l’agriculture intensive et du tourisme, le changement climatique et la déforestation lui font courir des risques de plus en plus importants, justifiant plus que jamais les programmes de sensibilisation et de conservation.
La biodiversité méditerranéenne, un palmarès millénaire
La richesse de la flore méditerranéenne s’explique par un climat clément et une grande variété de reliefs et d’habitats : autour de la mer Méditerranée, de l’Espagne à la Syrie, de l’Italie à l’Égypte, on trouve entre autres 40 600 km de côtes rocheuses et sableuses, des falaises, des plaines, des zones montagneuses, des zones arides et des zones humides.
Autour des quelques 5000 îles et îlots du bassin, pour la plupart à l’abri des menaces directes, se sont développés plusieurs types de végétation, abritant une faune et une flore capable de naviguer de l’un à l’autre de ces écosystèmes, facilitant les échanges à l’échelle de toute la région.
À l’origine, le bassin méditerranéen était peuplé de forêts de feuillus, chênes verts et conifères. Mais avec l’apparition des peuplements humains, les forêts ont peu à peu disparu, remplacées par le maquis, un ensemble de buissons et arbustes à feuilles persistantes, souvent épineux qui naît de la dégradation des massifs forestiers. On y trouve des ajoncs, des cistes, des bruyères, genêts, pistachiers et genévriers en grand nombre. C’est le type de végétation le plus répandu autour du bassin, mais ce n’est pas le seul ! La garrigue, elle aussi bâtie sur les ruines des ancestrales forêts de chênes, a une végétation plus basse et plus broussailleuse. Elle déborde d’aromatiques qui lui donnent son parfum si caractéristique : thym, romarin, sauge, origan se régalent sur son sol sec et calcaire.
Les usages des végétaux méditerranéens : des petits plats aux grands remèdes
Berceau des civilisations, le bassin méditerranéen a naturellement marqué les traditions culinaires et médicinales durant des millénaires. Aujourd’hui cultivées dans le monde entier, certaines des plantes originaires de la région sont toujours des piliers de notre alimentation ou ont cimenté leur place dans la pharmacopée occidentale :
- les céréales comme le blé, l’avoine, l’orge ou le seigle,
- les légumineuses comme les pois, les fèves, les lentilles
- les huiles comme l’huile de carthame, d’olive ou de lin
- les fruits comme la caroube, l’amande, la figue, la grenade, la vigne,
- les légumes comme l’asperge, l’endive, l’ail, l’artichaut, le chou, le fenouil, le poireau
- les condiments et herbes aromatiques comme le thym, le romarin, la lavande, la menthe, l’anis ou le cumin, dont on tire aussi des huiles essentielles utilisées en aromathérapie
Le bassin méditerranéen est aussi riche en plantes tinctoriales, utilisées depuis l’Antiquité en complément de pigments d’origine minérale ou animale : le rouge de la garance, le jaune de l’acanthe, du genêt ou du figuier, ou encore l’orange du genévrier et le bleu du pastel.
La conservation de la flore méditerranéenne
Les espèces
Même si des réglementations internationales, nationales ou locales protègent de nombreuses espèces, leur efficacité est limitée par la difficulté à opérer des contrôles. Les “Listes Rouges”, basées sur les critères de L'Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN), permettent d’identifier les espèces les plus menacées et donc d’établir des priorités et des plans de conservation spécifiques. Il peut s’agir de renforcer des populations dont les effectifs sont trop faibles, de créer de nouvelles populations dans des sites favorables ou de réintroduire une espèce. Certaines espèces rares sont même cultivées dans des jardins botaniques ou conservées dans des banques de graines pour en préserver l’héritage.
Les sites
La plupart des pays méditerranéens ont établi des réseaux d’aires protégées (réserves naturelles, parcs nationaux, sites protégés) afin de préserver les espaces vierges ou écologiquement représentatifs. Elles contribuent à préserver la diversité génétique ainsi que la diversité des espèces et participent au maintien des services des écosystèmes. Dans de nombreuses régions, elles jouent également un rôle important dans la subsistance des populations autochtones.
Le nombre d’aires protégées en Méditerranée a augmenté de façon significative au cours de la dernière décennie. On en dénombre plus de 4 400, mais elles ne couvrent que 5% de la superficie terrestre du bassin. Des conventions environnementales ainsi que des accords multilatéraux encouragent le développement de ces zones de conservation (sites Ramsar, réserves de biosphère, sites naturels ou mixtes inscrits par l’UNESCO au patrimoine mondial, aires spécialement protégées d’importance méditerranéenne, etc.). Certains pays, comme l’Espagne ou la Grèce, ont mis en place des micro-réserves, couvrant en général une poignée d’hectares, pour protéger spécifiquement des espèces menacées.
Les paysages
La protection des paysages est un enjeu des politiques de développement et d’aménagement du territoire. Les politiques agricoles jouent un rôle très important puisque, par le biais d’incitations financières, elles peuvent valoriser des pratiques culturales et d’élevage respectueuses de la nature et de la flore. Les Parcs nationaux ou les Parcs naturels régionaux permettent également de conserver le paysage sur une grande échelle.
La sensibilisation des décideurs et des populations à l’urgence de la situation et l’information de la population sur l’importance des enjeux est un élément-clé du succès de ces politiques. La préservation des paysages nécessite la participation de ceux qui y habitent ou y travaillent, car ils constituent un patrimoine commun. La concertation entre citoyens, experts et décideurs publics est donc indispensable. De cette interaction entre sciences et société émerge le modèle de gouvernance qui guide l’action publique en matière de gestion des paysages.
La biodiversité méditerranéenne et ses menaces
Tout autour du bassin, un grand nombre de menaces planent sur la biodiversité méditerranéenne :
- L’urbanisation, surtout sur le littoral où se concentre 40 % de la population. La construction d’habitations et d’infrastructures (routes, ports, aéroports, commerces, industries) détruit les écosystèmes et les isole les uns des autres.
- La gestion de l’eau, sa surexploitation assèche les milieux humides et fait disparaître les espèces qui en dépendent.
- Le surpâturage, l’intensification de l’agriculture ou au contraire l’abandon des pratiques agricoles traditionnelles modifie en profondeur ces écosystèmes fragiles.
- Le tourisme, la région accueille chaque année plus de 30% du tourisme mondial, une pression conséquente sur les milieux naturels et une accentuation des problèmes liés à l’urbanisation et la gestion des ressources.
- La déforestation, y compris pour la collecte de bois de chauffage ou de cuisson, surtout dans les pays du Sud.
- Les espèces exotiques envahissantes qui entrent en compétition avec les espèces indigènes et accélèrent leur disparition.
- Les pollutions de l’air, de l’eau, des sols, liées aux activités humaines
- Les maladies liées aux bactéries, champignons et insectes qui dévastent par exemple les populations d’oliviers
- Les fréquents incendies de végétation, accidentels ou volontaires, qui détruisent de nombreuses espèces et accentuent l’érosion des sols.
- Les changements climatiques, avec l’intensification des phénomènes extrêmes (feux, tempêtes, inondation, montée des eaux) qui modifient durablement les écosystèmes et contribuent à la disparition des habitats d’espèces uniques au monde.
La biodiversité est partout autour de nous !
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